La démarche de l'auteur

 

C'est par pur plaisir, qu'il m'arrive d'arpenter les toits de Paris la nuit.
Les toits des monuments presque exclusivement, car ils offrent des points de vue uniques sur la ville, qui s'en trouve aussitôt sublimée.
Voilà quinze ans que je profite de ce regard exceptionnel et privilégié sur la ville, que je foule du pied les toits de son patrimoine culturel et historique. Deux châteaux, trois théâtres, un opéra, dix églises au bas mot, le plus grand des musées, une arche monumentale, deux tribunaux, une grue aussi...

Mon ascension terminée, je saisis mon pied photo. Je pause de 15 à 45 secondes pour chaque cliché et je capte sur mon film argentique la danse nocturne des lumières de Paris. La magie des couleurs se révèle au tirage. Sur chaque photo, se dessinent alors l'architecture de la capitale, sa fierté, son histoire et, plus modestement, mon histoire, ma passion, mes émotions. Aujourd'hui, après une sélection importante, mon travail représente près de 400 photos prises dans des conditions souvent difficiles : la grande hauteur, la force du vent, la mise au point dans la nuit, les toits pentus, les échafaudages ou les éclairages qui gênent la prise de vue... autant de barrières chaque fois franchies.

Soif de liberté, besoin de conquête, transgression de l'interdit... qu'importe la motivation.
Bien sûr, l'esprit commando qui préside à l'exercice est grisant. Et l'escalade ne serait pas couronnée de succès sans trophée photographique. Mais l'important est ailleurs : lorsque ma main frôle une gargouille, quand j'effleure un monument, l'imaginaire glisse vers l'histoire et ressuscite ici un roi, là un maître écrivain. Paris réveille alors un romantisme insoupçonné.


Prendre Paris pour muse, s'y plonger, lui jeter des regards amoureux, fondre et s'émouvoir quand ses lumières étincellent.
Conquérir un sommet, atteindre l'inaccessible, effleurer sa puissance impériale et respirer le vent comme à la proue d'un navire.
Se détacher du temps, recevoir en héritage ce cadeau immuable tout droit venu des siècles passés, et méditer.

Il est long le chemin qui mène des catacombes vers le ciel, celui de l'ascension vers la lumière et vers la liberté, celui de l'introspection transcendée.

Frédéric VUILLOD.

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